Pourquoi cette spécialité est-elle si peu connue alors que vous savez bien ce qu'est un gynéco, un ORL ou un ophtalmo ?
La raison principale est que vous ne rencontrez pas les pathologistes.
C'est en effet le clinicien (votre gastro-entérologue, gynécologue, chirurgien , dermatologue ou médecin de famille) qui fait le prélèvement qui sera envoyé au pathologiste pour analyse.
Le patient ne vient donc pas lui-même au laboratoire, sauf dans quelques cas (si le prélèvement est effectué par le pathologiste lui-même).
Comment travaille le pathologiste ?
Le diagnostic anatomopathologique est une véritable consultation médicale spécialisée réalisée à partir de vos cellules, vos tissu.
Le médecin pathologiste travaille essentiellement avec son oeil et son microscope... Il est assisté dans sa tâche par une équipe de techniciennes qui conditionnent les prélèvements afin de les rendre analysables et par une équipe administrative qui gère les dossiers.
Des techniques sophistiquées sont souvent associées à l’étude morphologique (immunohistologie, biologie moléculaire…) pour identifier et caractériser au mieux la maladie.
Pourquoi fait-on un examen dans un " labo d'anapath " ? 4 exemples
- Les femmes savent que régulièrement leur médecin leur fait un frottis de dépistage. Des cellules de leur col utérin sont alors étalées sur une lame de verre ou placées en suspension dans un liquide qui préserve leur aspect. Ce frottis sera coloré puis examiné au microscope. C'est cet examen qui permet de déceler, de « dépister » la présence de cellules anormales et donc de proposer un traitement avant l'apparition d'un cancer.
- Vous avez consulté un gastro-entérologue et vous avez bénéficié d’une une gastroscopie ou d’une coloscopie. Une ou plusieurs biopsies (micro-fragment de tissu) ont été prélevées lors de l’examen. Les échantillons de tissus seront techniqués, coupés, colorés et examinés au microscope. Un diagnostic sera établi par le pathologiste : ce diagnostic anatomopathologique constituera la " preuve " du diagnostic. Votre médecin s’y réfèrera pour adapter votre traitement de manière optimale.
- Le nodule du sein découvert par votre radiologue a été enlevé par votre chirurgien. Cette " pièce opératoire " est alors disséquée par le pathologiste qui prélève des échantillons de la tumeur mais aussi les berges de résection afin d'établir le diagnostic (simple inflammation, tumeur bénigne, lésion précancéreuse ou cancer). Il appréciera si la résection est suffisante ou non et s’il est nécessaire de vous proposer un traitemnt complémentaire.
- L’apparition d’une tâche noire vous a amené à consulter votre dermatologue. Celui-ci a procédé à l’ablation de la lésion et nous l’a confiée pour examen. Nous établissons un diagnostic qui permettra à votre dermatologue d’adapter la suite de la prise en charge (simple surveillance, traitements complémentaires…).
Comment se déroule l’examen de mon prélèvement ?
Tout commence par un appel de votre médecin, de la clinique, de l’hôpital ou du laboratoire où a été effectué le prélèvement ….
Notre coursière, récupère votre prélèvement au cours de sa tournée journalière.
Au cabinet de pathologie, on procède à une vérification des prélèvements et des bons d’examens, à leur numérotation puis à leur enregistrement informatique.
Puis vient l’étape de l’examen macroscopique (à l’œil nu) effectué par le médecin qui va faire une première étude, prendre des photographies numériques et déterminer les zones d’intérêt à prélever sur les grosses pièces opératoires (colon, estomac, utérus…). Les petits prélèvements (biopsies, polypes…) sont pour leur part inclus en totalité.
Les fragments sélectionnés sont placés dans des cassettes identifiées.
L’ensemble des cassettes est placé dans un automate à inclusion sous vide (cet appareil va fonctionner toute la nuit pour remplacer progressivement l’eau des tissus par de la paraffine).
Le lendemain matin, l’équipe technique ouvre les cassettes et inclut individuellement chaque prélèvement dans un petit bloc de paraffine qui va permettre de réaliser des coupes très fines (de l’ordre de quelques microns). (Ces blocs seront ensuite rangés et conservés au moins 10 ans).
Les rubans de coupe sont étalés sur des lames de verre puis placés dans un automate de coloration qui va chasser la paraffine et réhydrater les tissus pour permettre la réalisation des colorations standard (H.E.S.) ou spéciales en fonction du type de pathologie recherchée.
La coloration est assurée par un automate.
A ce stade, il ne reste plus qu’à protéger les préparations par un film ou par des lamelles avant de les remettre au pathologiste.
Le pathologiste effectue alors le diagnostic de la maladie à partir des constatations microscopiques, macroscopiques et des éléments d’information communiqués par le médecin qui a prescrit l’examen. Il saisit ou dicte son compte rendu sous forme numérique.
Le rapport est ensuite dactylographié par le secrétariat, il sera ensuite validé puis signé par le médecin et adressé au médecin prescripteur et à votre médecin de famille s’il a été signalé sur le bon d’examen.
Généralement, l’ensemble de ces opérations nécessite de 24 à 48heures.
Parallèlement s’organise la chaîne administrative permettant de régler les rapports avec les mutuelles, les établissements de soins…
Parfois il arrive que le pathologiste ait recours à des techniques complémentaires d’investigation (colorations complémentaires, immuno-histochimie, recoupes…) pour préciser, compléter un diagnostic, apporter des éléments pronostiques ou des facteurs prédictifs de réponse aux traitements.
Dans ce cas, la réponse définitive peut être différée de quelques jours.
Ci contre, une vue de l’automate d’immunohistochimie agréé FDA utilisé dans notre structure.
Enfin, pour les examens cytologiques (frottis, ponctions…), les préparations sont effectuées directement par l’équipe technique, sans étape macroscopique.
Toute cette activité ne pourrait fonctionner sans une logistique adaptée (préparations du flaconnage et des envois de matériel, organisation et gestion des stocks de matériel consommable..)
Les lames et blocs tissulaires, les préparations cytologiques, et les préparations de techniques spéciales sont conservés 10 ans pour permettre un réexamen ou la réalisation d’études complémentaires.
Les comptes rendus sont quant à eux conservés 30 ans.